Mission 9 – Juin 2023

Missions Lesbos : Gilles André

Arrivée à Lesbos et premier contact – 28/05/23 :

La « mission humanitaire » dans laquelle je m’engage est pour moi une première. Et en guise de première, je dois reconnaître avoir atterri sur l’île de Lesbos comme ayant été projeté et bousculé par l’élan d’une vie occidentale à l’emploi du temps bien chargé. Par conséquent, à part le visionnage de quelques reportages télévisés tournés à Moria pendant et post période Covid je n’ai pas eu le temps d’imaginer de trop ce à quoi m’attendre en venant ici… Pas plus mal me direz-vous car ainsi, je vais pouvoir laisser place aux seuls ressentis d’une véritable découverte.

Une chose cependant, je sais déjà que ce séjour ne pourra certainement pas avoir le même parfum que ceux menés jusque-là par mes prédécesseurs. En effet pour ce genre de mission, les équipes sont habituellement constituées d’un « binôme ».  Or dans mon cas, faute à un calendrier capricieux ou encore à la nécessité de devoir parler l’anglais sur place, c’est seul que je dois me rendre à Lesbos.

J’y arrive un dimanche matin avec pour le coup, une quasi journée devant moi pour pouvoir poser mes valises, traverser la ville de Mytilène à pied pour prendre quelques repères, manger un petit bout sans rien savoir de ce que j’ai commandé (Μενού για περίεργα μικρά παιδιά)  et commencer à préparer ma rencontre de demain matin avec l’équipe de l’ONG avec laquelle je devrais partager les locaux dans l’enceinte du camp de migrants (réfugiés demandeur d’asile) de l’ile.

Premier jour – 29/05/23  :

Aie, soixante ans bientôt, 8:00 du matin et me voilà posté devant la porte du dispensaire tel l’écolier moyen le jour de sa rentrée des classes.

Là, je fais la connaissance de Sohrab, ancien réfugié de Moria qui opère désormais en tant qu’interprète (Persan [ou Farsi] et ses dialectes Dari, Tajik,etc…, Anglais et Espagnol) et qui est également l’homme de la maison.

Mais pour l’heure, celui-ci s’affaire à la récolte de quelques courgettes dans le petit jardin du devant de la cour.  Arrivent ensuite et respectivement, Malvina la responsable administrative et Fabiola, la fondatrice et directrice de Earth Medicine (E.M).

Initialement, ce matin étaient prévus un temps de debrief autour de la situation générale sur l’île et un autre pour évoquer l’organisation de ma première journée, …

Quelques couacs de planning en ont décidé autrement. De rapides présentations mutuelles autour d’un thé et Fabiola me conduit directement au camp de réfugiés en me glissant à l’oreille qu’il n’est point besoin que j’emporte les quelques affaires de MTC que j’ai amené et avec lesquelles j’ai pris l’habitude de travailler. … Même si tout est bon pour moi, je ressens que tout va un peu vite.

Je découvre donc le camp de Mavrovouni  (un des nouveaux camp nés après le désastre de celui de Moria et désormais, le seul sur l’île) et ses forces policières qui en gèrent l’entrée. Avec lui, je découvre également, les premiers signes des queues d’attente interminables entrevues dans tous les reportages d’avant ma venue. Le temps dans de pareilles conditions doit apprendre à se faire « autre » car visiblement dans ce genre d’endroit, nul autre choix que de faire la queue que ce soit pour se rendre aux toilettes, au bureau des demandes de démarches administratives ou de soins.

Fabiola profite de ce moment administratif  « obligatoire »  pour me rappeler que toute photo du camp ou de ses occupants est strictement interdite et fortement répréhensible par la loi.  Bref, le temps de présenter nos pass, de signer le registre d’entrées et de traverser le camp en voiture et nous voilà rendus au « container » de soins de E.M.

Là, attendent déjà patiemment quelques réfugiés accompagnés de Morteza qui vie sur le camp avec sa femme et sa fille et qui est notre traducteur dans le container.  J’aurai dix bonnes minutes en tout et pour tout pour découvrir et tenter d’organiser le matériel logé dans les deux salles de soins aménagées (matériel obtenu via des dons ou laissé par les volontaires précédents) avant que Fabiola ne me signale ma « toute première » prise en charge de patient …: ca sera un homme, Afghan, agé de 63 ans.

Dans la pratique et à l’inverse de ce que nous avions imaginé avec Fabiola en discutant dans l’auto, (comme quoi les suppositions sont inutiles),   j’ai pour un premier jour,  travaillé avec des hommes mais également une jeune femme, 37 ans (accompagnée de son mari pendant les soins) et une femme de 65 ans, venue seule.

De retour au dispensaire ers 16h, nous partageons avec la petite équipe, un repas tardif, soit,… mais tellement convivial.

Bref, si ma première journée de terrain fût une journée test côté prise de marques et adaptabilité, elle n’en fût pas moins récompensée (déjà) par les chaleureux sourires échangés avec les patients, signes d’une gratitude évidente qu’avec ces quelques personnes inconnues et tellement respectables à mes yeux avons su nous offrir. Merci à eux.

Deuxième jour – 30/05/23 :

Aujourd’hui, tout le monde est à l’heure au dispensaire.  Retour donc sur le camp avec Fabiola où notre traducteur Morteza nous attend comme hier, impassible assis au bord du container,.

Comme hier, à la différence près qu’il va être mon premier patient du jour. Fabiola l’a naturellement enregistré en amont des autres arrivants pour ne pas avoir à nous priver de ces aimables et respectables traductions…

Cette fois, j’ai pris soin (et bigrement bien fait) d’apporter  mes petites affaires. Je m’octroie cinq minutes pour me concocter un petit chariot roulant aménagé à mon goût, qui devrait me permettre de passer d’une salle de travail à l’autre sans trop perdre de temps. Me permettre surtout de me sentir un tantinet moins « pataud » et pour le coup, bien plus efficace qu’hier.

Coté patients, une femme seule s’est de nouveau présentée au lieu de soins.  C’est une jeune femme, Afghane de 23 ans. (je verrai ainsi deux femmes seules sur la journée). A sa demande, Morteza quitte la place pour être remplacé par Fabiola alors désignée pour assurer la supervision de mes soins. On me confie qu’en dehors de son mari, c’est la toute première fois de sa vie qu’un homme prend contact avec une partie de son corps.

A tout dire, cela ne me perturbe pas plus que ça. A cet instant précis je me sens légitime dans mes soins et ma façon d’aborder cette possible barrière de culture dans le plus grand des respects. Je prends juste grand soin de faire valider chacune de mes actions, aussi bénignes qu’elles puissent paraître à nos yeux, pour que tout se passe au mieux… et c’est le cas !.

Alors certes, dans ces conditions en rapport à ce que nous pouvons vivre dans nos cabinets en France, tout devient plus long dans le déroulement. Mais ce temps est mon seul allié. Celui qui va, petit à petit, permettre aux peurs de se dissiper tranquillement, à l’échange et à la confiance mutuelle de s’installer. Peut-être peut-il sembler étonnant d’entendre parler d’échange alors que je ne peux qu’essayer par un inlassable hochement de tête de récupérer un signe d’acquiescement à mes « is it OK for you ? », que de toute évidence ma patiente ne comprend pas. Mais si le langage n’a que peu d’importance, l’adaptabilité de chacun et la compréhension mutuelle en ont un peu plus.  Les lourdes infirmités qui ne permettent pas de se positionner comme on le souhaiterait, tout un côté du corps rendu inaccessible par les prothèses, etc,… font que nous devons sans cesse nous adapter à la situation.Et ce qui est doit être réalisé, même si ce n’est pas parfait, doit être réalisé!

Voila! Ma décision de voyager jusqu’ici vient d’être validée par l’obtention en fin de séance d’un sourire radieux, une tête inclinée et deux mains jointes sur le cœur en guise de remerciement.

Je confirme : C’est bien d’un véritable échange dont il s’agit et la gratitude que je ressentais hier s’amplifie au fil des heures.  

Je ne peux que clôturer cette nouvelle journée par un nouveau « Merci, madame, Monsieur, pour ces merveilleux et positifs échanges ! »

Fin de première semaine : « déstabilisation et adaptabilité au rendez-vous »

Ma fin de semaine est bien particulière. Je l’avais dit, …sûrement un parfum différent 🙂

Mercredi, c’est Sohrab qui me dépose sur le camp. Fabiola elle, en attente d’un heureux événement relativement imminent, ne pourra pas s’y rendre pour les prochains jours. Si l’état de santé de Fabiola est bien sûr une priorité pour nous tous, il n’empêche que pour être honnête, je ressens quand même un petit « gloops » à la déglutition. Quoi dire ? Je m’en accommode bien évidemment avec le cœur pleinement ouvert, je respire un bon coup et décide de faire une nouvelle fois confiance à mon adaptabilité usuelle qui deviendra, qui sait peut-être, un jour légendaire (hi, hi…).

En tout cas, je suis assez dérouté de me dire qu’en J:3, c’est seul que je vais devoir prodiguer des soins sur un camp de réfugiés et ce, jusqu’en fin de semaine.

Heureusement, pour l’accueil, la traduction des échanges et la remise aux patients des instructions de leur prochain rdv, Morteza est là, fidèle au poste et je l’en remercie tellement par avance.

Dans les faits, Morteza quitte quotidiennement la place aux alentours de 13h30, heure de la distribution des repas aux réfugiés dans l’enceinte du camp. Je comprends alors qu’il en fasse une priorité pour lui et sa petite famille et qu’il ne faut pas qu’il loupe cet horaire, faute de quoi, point de repas pour les retardataires.

Malgré cette contrainte horaire et souvent dans un peu de hâte, Morteza prend quand même soin, pour moi, de veiller au mieux aux entretiens des derniers patients.

Mais lorsqu’il quitte le container, la chaleur et le silence prennent alors une toute autre dimension. Mais au fond peu importe. Si à cet instant les deux m’assourdissent un peu, je suis là, je me concentre et fais ce pourquoi je suis venu !

Quelle expérience constructive me direz-vous! Seul auprès d’une Afghane âgée d’environ 75 ans, dans l’incapacité de se mouvoir sur la table d’examen, toute en transpiration dans l’enchevêtrement de ses habits épais et qui ne me fournit pas le moindre signe en retour d’une quelconque douleur ou d’un contentement… que faire ?

A chaque aiguille ou encore à chaque fois que j’ai à décaler un bout de vêtement alors trop haut, trop bas ou trop contraignant pour le passage du sang ou du Qi, j’en transpire à l’idée… Cet instant ne peut être différent de toute façon. Plus personne avec moi pour prévenir cette dame du geste que je m’apprête à réaliser.

Précisément dans ces moments-là, faute de pouvoir informer, je dois admettre qu’il m’est arrivé de ne pas oser placer d’aiguille sur ces points reconnus sensibles et pourtant nécessaires au traitement envisagé. Pas osé par crainte d’éveiller chez ces personnes (et notamment les femmes), un cri, une peur ou même une frayeur.

Je pacifie la chose en moi. Encore une fois, ce n’est peut-être pas le plus efficient pour le traitement que j’imagine, mais je continue de m’adapter et de faire toujours du mieux que je le peux.

Mieux vaut cela que rien ! Et dans un sourire intérieur, je me dis que Wu Ji aura peut-être l’obligeance de bien vouloir nous accompagner elle et moi pour ce que je n’aurais pas pu lui apporter…

Trois jours et je commence seulement à (re)trouver mes repères dans ma pratique.

Pourtant je sens bien que je ne parviens toujours pas à me détacher de mes habitudes de travail. Habituellement, je me repose sur une anamnèse ciblée pour tenter d’appréhender au mieux pathologie et pathogénie existantes et espérer ainsi pouvoir traiter conjointement le mal et sa racine. … Envisageables en France au calme d’un cabinet et avec du temps, mais pas ici !

De retour au dispensaire, je partage cette frustration à Fabiola qui me rappelle alors avec une grande bienveillance :

« ici, dans un tel contexte, pour des personnes qui ont été pour la plupart, lourdement touchées et blessées au plus profond des possibles, il n’est ni envisageable ni constructif de devoir s’intéresser aux pathologies chroniques (pourtant tellement présentes et importantes).  Il faut rester focus uniquement sur les affections aiguës et rien d’autre».

J’en prends note une nouvelle fois (il me faudra bien ça) et tente de modifier au mieux mon approche en conséquence… J’aurai par la suite tout le temps de relativiser quant au sens que je voudrai bien, ou non, accorder à cette démarche.

Les deux jours qui suivront, nous enregistrerons de nombreux désistements. Après discussion, sans doute liés au fait que Fabiola ne soit plus sur le camp depuis quelques jours…

Je ne baisse pas les bras et vais gager sur une semaine prochaine plus animée 🙂

Voilà donc ma première semaine sur le camp qui s’achève avec son lot de ressentis vibrants. Il est temps de retrouver la petite équipe au dispensaire qui m’attend pour le repas.

Ça fait grand bien. J’y rencontre Tom, pédiatre et homéopathe, qui vient d’arriver d’Allemagne et avec qui je partagerai le container la semaine prochaine.

Place désormais au temps de repos où durant le weekend nous partagerons avec Fabiola, Sohrab et Tom, de précieux moments de convivialité et de découverte des alentours.

Deuxième semaine : 

Cette nouvelle semaine s’est écoulée dans la même veine d’adaptabilité que la précédente  :-). 

Des journées bien remplies et sans trop de répis entre chaque patients me donnent la folle impression qu’elle n’a duré que deux jours.

Pourtant Tom était avec moi sur le camp. Pour sa première semaine il n’aura eu que très très peu de rendez-vous et la patience aura été de mise pour lui. Ceci dit, un chat avide de compagnie paisible

et de câlins l’a  vite compris et l’aura bien aider sur ce point :-).  Tom est pédiatre et le bouche à oreilles semble juste ne pas être encore lancé pour lui… Mais peu importe, cela lui laisse le temps de prendre la température des lieux. De plus, il est engagé pour plus d’un mois. Ça va donc le faire…

Quant à moi et c’est bon,  j’ai le sentiment que cette semaine est de nouveau « réussie ». En effet, la grande majorité des patients que je retrouve pour des séances de suivi me témoignent de leur entière satisfaction face aux indéniables progrès qu’ils enregistrent au fil de ces quelques jours. Great !

Cependant et malgré cet enthousiasme, je vais quand même vivre une semaine assez houleuse au regard du respect des horaires fixés. Je compte et dois jongler entre les retards des uns et/ou tout bonnement le désistement pur et simple des autres.

Les retards pèsent lourds dans mon organisation car parfois, c’est un groupe de quatre ou cinq personnes qui arrivent en même temps et il m’arrive d’en proposer certains.

Quant aux raisons des désistements, je n’en ai pas toujours le fin mot.

Je constate que 80% des désistements aux rdv sont concernés par les femmes.

Grosso modo, tantôt j’apprends qu’ils sont le fruit du temps passé à faire la queue dans le camp pour des démarches administratives,… tantôt, mais sans confirmation, je comprends à demi-mots qu’ils sont comme nous le présentions, dûs  au simple fait que je sois un homme et de surcroît, seul.  Force est de constater que la seule présence de Fabiola dans les lieux aurait forcément été rassurante pour bon nombre d’entre elles.

Néanmoins, j’aurai la chance que certaines femmes aient consenties à m’accorder leur pleine confiance et à outrepasser, en elles, un réel inconfort de principe de vie (pour autant, pas toujours d’ordre religieux).

Je raisonne et n’oublies pas de me rappeler que la plupart d’entre elles ont vécu de lourds traumatismes tant physiques que psychiques et dans bien des cas, officiés par des hommes. Donc encore, respect et merci à elles!

A delà de ces cas particuliers j’ai, au  long de mon séjour, rencontré de nombreuses pathologies récurrentes liées à cette population : traumas physiques, problèmes d’estomac, lombalgies sévères, états dépressif et agitation mentale et bien sûr l’épuisement global.

Cependant et je crois lavoir dit, ce qui me fend le plus le cœur c’est que, dans la quasi totalité des cas, ces personnes souffrent également de Xie Qi installés comme l’humidité (principalement) mais aussi de chaleur-humidité de froid (surtout pour chez les femmes) .
Mais voilà, comme j’ai dû quotidiennement m’en rappeler, nous devons rester focus sur les signes cliniques aigus et non chronique.

Il y a eu des mouvements sur le camp cette semaine. Morteza est sur le point  d’obtenir son passeport et doit se charger de l’organisation des jours à venir. La délivrance qu’il ressent  me procure une joie intense. Avec sa petite famille, ils envisagent désormais l’Irlande. J’ai donc (et là peu m’importe) dû échanger avec un nouveau traducteur, Ali, un tout jeune Afghan.

Bref, voilà le weekend qui s’annonce et celui-ci, je ne laisserai pas passer.

Je dois me poser un peu.

Je trouve donc à louer un un scooter histoire de pouvoir bouger, rejoindre un bout de  plage et trouver le repos. Enfin une petite balade pour m’éloigner un brin du quotidien et en deux roues, alors quelle joie!.

Sur cette île, l’activité économique principale se concentre entre l’élevage de moutons et la culture des oliviers (à priori plus de 10 millions d’arbres). A droite, à gauche, devant,…Je ne verrai donc que ça, hi hi! Des oliviers à perte de vue.

Magnifique et réellement déroutant pour mes yeux, mais au delà de ça, en roulant nez au vent, quelque chose me manque étrangement!  J’y suis: tout est là, les virages, les paysages,… mais point d’odeur distinctive comme celle des pins que l’on rencontre habituellement sous ces latitudes?!.

Tout au long de ce court séjour, je n’aurai trouvé que douceur et tranquilité auprès des gens de Lesbos. Tellement heureux de voir que cela existe encore sur cette bonne terre. En exemple, après avoir évoqué notre amour commun pour la musique, un luthier à eu la riche idée et la grande gentillesse de coeur de me prêter un instrument pendant quelques jours, bien sûr, sans contrepartie aucune. Juste de quoi « te  tenir compagnie et te permettre de te sentir chez toi », me dira-t-il!.

Dernier jour :

Et voilà Lundi déjà. Le dernier jour à sonné et je tiens à travailler jusqu’au dernier moment possible avant de me rendre à l’aéroport.

Nouveau mouvements dans le camp. Résultat, beaucoup de désistements au container.  Nouveau traducteur également. Une femme cette fois ci (dsl, je ne peux me rappeler son prénom), iranienne, qui visiblement vit un enfer ici depuis cinq ans passés. Nous auront du temps pour échanger. Je l’invite à se rapprocher des docteurs officiels et de l’organisation pour , je l’espère, pouvoir bénéficier de soins.

Mon dernier jour sera un peu différent aussi car je sais qu’il n’y aura pas de soins en acupuncture pendant les deux prochaines semaines. Je décide de proposer un traitement de fait un peu différent aussi, sans doute plus efficient sur le délai d’attente de deux semaines (sang, liquides organiques, humidité,…).

Malheureusement, seules deux personnes pourront venir en soins. Trois autres viendront toutefois me saluer au fil de leur possibilité, au tout dernier moment.

Mon au revoir à ces patients me fait monter les larmes aux yeux. Leur contentement est là et ils/elles auraient souhaité que je reste un peu plus longtemps…

Cet homme et cette femme, tous deux presque confus de ne pas trouver facilement les codes, ont décidés de me serrer dans leurs bras. Cette étreinte avec ces personnes en souffrance issues de l’autre côté de la planète et que je ne reverrai jamais me remplie de joie. Je leur ai ainsi laissé un bout moi…. C’est bon.

Curieusement, ma toute dernière patiente sera une un Afghane de 65 ans,  qu’exceptionnellement je recevrai au dispensaire de Mytilini après un rapide déjeuner.

Ensuite, ce fut très bref et rapide. Je remets  de mes fiches patients et mon weekly report et le taxi est déjà là. Au final, presque pas le temps de saluer Fabiola, Sohrab, Malvina et Tom. A réfléchir, faute à ce put@#:- de COVID ou non (!?), nos codes d’adieux disparaissent sans doute eux aussi petit à petit. Petit abrazo rapide, peur des bises, je n’en saurait rien… Je dois filer.

Coté sensations de tous ces jours passés ici, je dois dire que je resterai sans doute partagé. Partagé entre la frustration de devoir partir après un temps d’exercice trop court et celle de n’avoir sans doute pas pu accomplir une mission à la hauteur de celle qu’aurait souhaité Fabiola. Elle sait cependant que je fais de mon mieux.

Mais au final, je sais qu’humainement cela m’impacte peu. Je m’adapte, encore et encore. Et si parfois j’aurai apprécié un plus de soutien et de partage par l’équipe en place,  je sais en revanche qu’elle oeuvre de tout son coeur, qu’elle est solide et je lui tire mon chapeau, au nom des réfugiés, pour tout ce qu’elle entreprend et met ici en place,  quotidiennement.

Moi, en tout cas je réitèrerai!
Ici ou ailleurs, probablement avec un meilleur anglais, des compétences plus axées sur certaines « méthodes » de traitement des douleurs et manifestations aiguës, mais, là où l’acupuncture aura sa place, j’essaierai de proposer le mieux que je puisse faire.

Merci à Fabiola, à son équipe.. et à moi pour pour tous ces jours et ma petite contribution.

Pensées particulières émues vers Morteza et les siens…..