Témoignages

Une expérience riche, émotionnelle, relationnelle et professionnelle. Cette opportunité m'a permis de toucher du doigt l'avantage que nous avons de vivre dans un pays quelques fois surprotégé en matière de santé. Les cambodgiens, eux vivent avec leurs maux et c'est au travers de missions comme celles-là ,qu'on leur permet de pouvoir au moins une fois s'occuper de leur santé. Les regards, les sourires furent tout au long du séjour la récompense ultime de nos interventions. Le relationnel également avec nos interprètes très impliqués dans la réussite de la mission, la parfaite osmose des binômes composés. Professionnelle, car la cause pour laquelle nous intervenions, nous a obligé par moments, à nous surpasser pour obtenir les résultats les plus probants.
Eric T.
Il existe des journées dans une vie qui nous semblent sortir d’une autre dimension, où nous avons l’impression de vivre un rêve d’enfant.

Ces journées, je les ai vécus au Cambodge, en mission humanitaire avec l’ONG Les Mains du coeur pour le Cambodge. J’ai vécu trois semaines inoubliables, riche en partage, bienveillance et humour avec toute l’équipe et riche en rencontre avec le peuple Cambodgien.

Lors de nos séances, j’ai côtoyé un monde que je ne connaissait pas et que je ne pouvais même pas appréhender dans ma vie française. J’ai eu la chance d’avoir la confiance de femmes et d’hommes qui vivent dans une grande précarité. Beaucoup sont venus pour des douleurs de hanches, d’épaules, de mains et pieds dues à leur travail dans les rizières, les champs, les pagodes. Certains nous ont confiés leurs souffrances , leur sommeil perturbé par le manque d’argent, la mort d’un enfant, le placement des enfants en orphelinat par manque de moyen pour subvenir à leur besoins primaires. Malgré la barrière de la langue, nous pouvions comprendre, dans leur intonation de voix, leur regard qui se posait sur nous, qu’à ce moment là, nous n’allions pas seulement travailler sur une douleur physique.

Et j’ai constaté que toute l’empathie que je pensais avoir pour ce peuple Cambodgien avant mon arrivée m’était inutile, parce que je ne pouvais pas appréhender et comprendre leur souffrance, simplement parce que c’est un environnement que je ne connais pas. Alors, j’ai tenté de lâcher prise sur mes intentions et j’ai laissé faire ce que mes mains savaient déjà. Mes peurs se sont atténués au fil des séances et j’ai ouvert les yeux sur tout ce qu’on pouvait donner à nos patients et tout ce que nous recevions en retour. Chaque séance se terminait par des sourires, des mains jointes en remerciements.

Il y a eu des moments d’une intensité émotionnelle incroyable sur la table de soin, comme cette femme âgée qui vivait dans une pagode et qui est venue pour une douleur à la hanche. A la fin de la séance, elle nous a offert un moment bouleversant lorsqu’elle s’est mise à réciter une prière pour nous, toujours allongée sur la table, ces mains se sont rapprochées l’une de l’autre, sa voix est devenue d’une douceur incroyable et elle s’est mise à réciter des paroles que je ne comprenait pas. Plus tard, notre ami interpretre nous a confirmer ce que nous avions ressenti.

Il y a eu aussi cette jeune fille de 18 ans qui venait d’accoucher deux mois auparavant. Sa maman faisait les 100 pas auprès de nous et nous regardait travailler. Au bout du deuxième jour, elle nous a demandé de prendre sa fille en séance pour des douleurs lombaires, en nous précisant qu’elle avait une peur effroyable des aiguilles. Le cheminement de cette relation avec cette jeune fille m’a beaucoup touché, nous avons donc fait une première séance en Tuina, puis la confiance s’est installée, elle nous a retrouvé quelques jours après pour une nouvelle séance avec aiguilles et nous avons terminé par voir son petit garçon de deux mois qui souffrait d’une hernie ombilicale (nous avons dirigé cet enfant vers un hôpital adapté à sa pathologie).

C’était mon quotidien au Cambodge. J’ai réalisé mon rêve, j’ai appris une forme d’humilité bien différente de celle que j’imaginais, j’y ai rencontré un peuple d’une extrême gentillesse et d’une grande générosité. En donnant ce que j’avais dans mes mains, j’ai reçu en retour des regards et des gestes inoubliables. J’ai grandi grâce à cette aventure de vie et je souhaite à tous ceux qui rêve de faire de l’humanitaire de vivre une expérience aussi enrichissante que celle que j’ai vécu.

Pendant ces trois semaines, j’ai compris pourquoi j’avais choisi la MTC, pourquoi j’étais au Cambodge et que partir là bas n’était pas un besoin égotique d’aller sauver le peuple Cambodgien, c’est simplement une évidence d’aller soulager leurs maux et les aider, par la transmission, à devenir de plus en plus autonome dans leur propre gestion des soins.
Véronique C