Mission 10 – Juillet 2023
Missions Lesbos : Fabienne & Sylvain
Dimanche 09 juillet 2023
Nous finissons d’absorber notre première semaine de travail dans le camp de Mavrovouni à quelques kilomètres de la capitale, Mytilène, sur l’île de Lesbos, en Grèce.
Nous avons été accueillis par Sandra, acupunctrice anglaise sur place depuis 15 jours déjà, qui nous a montré les lieux, le matériel et nous a permis un démarrage en douceur, en s’occupant de la partie administrative (gestion des dossiers et prise de rendez-vous) lors de notre première journée de soins.
Actuellement les consultations d’acupuncture se passent au sein du camp dans le container de l’ONG « Earth Medicine ». En effet, il y a beaucoup de nouveaux arrivants au camp, et ils ont de nombreux rdv liés à leur situation, ce qui rend leur déplacement au centre de traitement « Earth Medicine » situé au centre-ville, compliqué.
L’espace central du container sert de lieu d’accueil, d’anamnèse et de prise de rdv pour les patients.
Il sert également de bureau, où sont rédigées les notes de suivi, permettant une continuité des soins entre les différentes équipes d’acupuncture qui se succèdent.
Deux salles de traitement permettent d’accueillir entre 2 et 4 patients par heure.
La constitution de notre duo nous assigne à chacun un espace dans le container : la salle des hommes pour Sylvain et l’espace des femmes pour Fabienne.
Confrontés à des tableaux cliniques extrêmes, avec au premier plan des invasions de froid massives suite aux marches prolongées à travers la Turquie ou aux séjours interminables dans l’eau, nous nous retrouvons en plein été à faire des moxas sous une lampe chauffante, alors que la température extérieure avoisine les 40 °.
Nous mettons en évidence chez beaucoup de patients une perte de connexion dans les Trois Réchauffeurs avec des accumulation de froid dans le Réchauffeur Inférieur (œdèmes, pollakiurie, douleurs des membres inférieurs) et des manifestations de chaleurs dans le Réchauffeur Moyen et Supérieur (problèmes digestifs et agitation du Shen).
Des termes comme « exsangue » ou « blafard » prennent corps sur les visages éprouvés des femmes, présentant des tableaux de Vide et/ou de Stase de Sang.
La réponse au traitement est rapide, hommes ou femmes, les patients se sentent en confiance et la plupart ferment les yeux, en appréciant cette parenthèse thérapeutique. Il n’est pas rare que la consultation se termine par une embrassade et la motivation de poursuivre les séances est grande.
La grande majorité des patients que nous voyons actuellement est d’origine afghane, avec quelques patients somaliens ou camerounais. La traduction est assurée par un résident afghan du camp qui parle anglais. Il est remplacé ponctuellement par sa femme, ce qui ouvre la porte à l’expression d’autres symptômes autour de la sphère gynécologique, avec des questions franches, des sourires timides et beaucoup de rires autour des solutions proposées.
En complément des traitements d’acupuncture classique, nous proposons aussi une prise en charge pour les enfants en Shonishin (acupuncture sans aiguille d’origine japonaise).
Sylvain a ainsi traité 3 enfants âgés de 6 ans pour des problèmes digestifs et émotionnels avec des retours positifs. Pour exemple : A., enfant triste, angoissé et fermé depuis des mois, caché dans les jupes de sa mère lors de la première consultation, arrive seul, souriant et en courant pour son 2ème traitement de Shonishin.
Les multiples discussions lors des trajets, assurés par Sohrab, notre chauffeur et lors des repas de midi pris avec Malvina, la coordinatrice administrative, permettent d’approfondir notre compréhension de cette situation complexe.
La semaine prochaine permettra de mettre en place le suivi avec l’arrivée mercredi d’une physiothérapeute anglaise, qui complétera certaines prises en charge jusqu’à fin juillet.
Notre pause hebdomadaire nous a permis de nous rendre à l’extrémité occidentale de l’île, dans la forêt d’arbres pétrifiés, autour de Sigri.
Nous avons été frappés par la vue de ces arbres dont l’élément Bois a été transformé en Minéral. Comment ne pas faire d’analogie avec le vécu de ces personnes migrantes, dont les projets de vie ont été figés par les traumatismes et les incertitudes.