Mission 2 – février 2022

Mission Lesbos du 21 Février au 4 Mars : Anna Rosset et Claudine Mérer

Arrivées le dimanche soir 20 Février, nous nous installons dans l’appartement retenu à « Sophie’s Choice » 14 Oresti Kaneli. L’appartement est moderne et propre avec une chambre séparée et un canapé lit dans le salon. Nous sommes bien chauffées, ce qui n’est pas négligeable en cette saison.

Le lendemain matin il nous a fallu 4 minutes pour arriver au dispensaire de Earth Medicine : encore un avantage !

Accueil chaleureux de Fabiola, Malvina (qui s’occupe de la partie administrative et juridique), Maria physiothérapeute Portugaise, Lara physiothérapeute Allemande, Mahrnaz et Sorhab nos interprètes en Farsi, Karim, notre interprète en arabe et l’équipe de la cuisine. Il nous faut prendre nos marques entre les 3 pièces de soins où nous allons voir nos patients. Il y a tout ce qu’il faut comme aiguilles, moxas, guashas, Lyna a pensé à tout !

Très bonne première impression : la maison est vraiment accueillante et paisible, notre lieu de travail agréable. Fabiola est un peu « stressée » : elle n’a plus de chauffeur et doit faire tous les aller-retour au camp de réfugiés pour aller chercher et ramener les patients. Cela ralentit aussi le rythme de travail car nous attendons entre deux voyages. Mais il y a toujours une bonne ambiance à la table de la salle à manger où thérapeutes et patients partagent un repas préparé avec talent par notre cuisinière afghane. On se lance seules avec les interprètes. La charge émotionnelle des patients est lourde à porter. Il faut apprendre à se protéger et prévoir de se reposer

Vendredi, moins de patients car c’est le jour de prière des musulmans, majorité de nos patients essentiellement Afghans, avec quelques Palestiniens, Syriens, quelques Somaliens, Irakiens et un Congolais. L’équipe est invitée à déjeuner chez Dor Bibi dans le camp. Elle partage un « container »  avec son fils adolescent dont elle attend le droit d’asile qui va arriver pour l’Allemagne la semaine suivante. Dor Bibi a préparé un délicieux riz au poulet qu’elle nous sert sur une grande nappe blanche étalée par terre. Très bonne ambiance. Elles parlent surtout du camp de Moria et du feu qui l’a dévasté. On entend au loin les cris de joie de la communauté Somalienne fêtant un droit d’asile de l’un d’entre eux. Une voisine » vient apporter des raviolis. Avec un toit, du chauffage, de la nourriture et un bon voisinage , la vie est supportable d’autant plus que les réfugiés ne sont plus que 4000 au lieu de 12.000 à Moria.

Cette semaine va se dérouler comme la précédente sur le plan de nos consultations. Mais en observant autour de nous et en discutant avec chacun on voit les choses sous un angle plus large : comment Fabiola en voyant un enfant dormir sans arrêt arrive à l’inciter à sauter avec joie sur le trampoline, pris en charge par un enseignant Afghan assis dans la salle à manger. Ce qui donne l’idée à Fabiola de réunir les enfants dans le jardin quand leur mère vient en consultation. Sorhab, quand il n’a pas le rôle d’interprète, aide à la cuisine ou bien fabrique des étagères bien utiles pour nous. Malvina, chargée de la partie administrative, donne aussi des cours d’anglais aux interprètes dans les moments creux. Les thérapeutes bénévoles viennent de l’extérieur mais les autres sont tous des réfugiés qui ont ou non obtenus le droit d’asile qui vivent ou non dans le camp. La plupart sont aussi nos patients. Toute cette communauté est très soudée sous l’impulsion et la bienveillance de Fabiola. Tous les matins nous recevons un jus frais de légumes à déguster au milieu de la matinée. Elle pense au bien- être de tous et de chacun en particulier. Et bien sûr il n’y a pas un jour sans un problème administratif à régler pour le Centre, ou pour l’un ou l’autre de ses protégés.

Au total, on a vu 25 patients, fait 98 consultations essentiellement pour des douleurs du dos, des épaules, des genoux, des troubles du sommeil, de la dépression et de l’angoisse avec de fortes douleurs d’estomac. Il semble que l’acupuncture a un effet tout à fait valable à court et moyen terme ; nous constatons que la plupart des patients traités en Janvier ont bénéficié des traitements sur plusieurs semaines. Envoyer une équipe d’acupuncteurs toutes les 4 à 6 semaines parait raisonnable. Il est important de prévoir à l’avance avec Fabiola nos séjours pour qu’elle puisse bien organiser le planning et éviter la présence de trop de thérapeutes en même temps.

Nous avons passé un séjour très enrichissant tant sur le plan de l’acupuncture que du contact de véritable humanité, de la compréhension de la situation des migrants et de la beauté de l’île.

Voilà, nous passons le flambeau à l’équipe suivante à qui nous souhaitons un séjour aussi riche que le nôtre. Merci Lyna, notre chef de projet !