Mission janvier 2019, dispensaire de Talos

Compte-rendu de nos interventions au dispensaire de Talos, district de Moeung Russei en médecine traditionnelle chinoise du lundi 21 janvier au jeudi 24 janvier 2019.

Génèse du projet :

L’oncle de Lyna, a participé à la construction de école dans ce village, et l’institutrice amie de Mam Satha, responsable du dispensaire est intervenue auprès de lui quand elle a appris la création de l’association. Pour nous, cette demande forte et concrète nous a semblé dès le début évidente pour notre implantation auprès de la population la plus défavorisée. La réalité sur le terrain a démontré la justesse de notre intuition.

Les contacts pris en amont et les courriers envoyés ont facilité notre intégration car nous étions attendues.

1er jour à Talos :

Lundi matin en moto-taxi nous arrivons au dispensaire….La beauté et la sérénité qui se dégageaient du lieu et des soignants, toutes ces couleurs et ce calme ont été une joie et un sentiment que nous allions être bien ici.

Mam Satha et Vireak Do (traducteur/interprète) ont été dès le début une aide précieuse dans notre relation avec les autorités et les villageois.

Notre rendez-vous avec le chef du village, en présence des 9 autres chefs de village du district a permis de nous présenter et d’entendre leurs demandes. Malgré les autorisations ministérielles pas encore obtenues, nous avons eu oralement puis par écrit une demande d’intervention de soins dans notre spécialité auprès de la population.

Nous avons ensuite rencontré Mr Peov Sovamarin, Directeur le l’hôpital de Moeung Russei et de trois régions administratives, représentant 13 dispensaires (dont 9 pour Moeung Russei). L’hôpital a travaillé sur différents projets (cancérologie, infectieux…..) et plusieurs ONG, dont MSF.

L’acupuncture semble être une technique de soins retenant leur attention, une demande très nette apparaît pour former le personnel, et pour cela Mr le Directeur nous met à disposition une salle et du matériel informatique. Il souhaiterait aussi que l’on travaille en collaboration avec ses équipes sur les autres dispensaires.

Mam Satha a sélectionné les personnes, Vireak sur un questionnaire basique commence les interrogatoires sur les renseignements généraux et le motif de consultation. Ce questionnaire va évoluer dans les jours à venir, il va l’approfondir ayant entendu les points importants à la pose de notre diagnostique ce qui pour lui l’impliquera encore plus dans l’équipe. Nous avons aussi beaucoup apprécié son attention auprès des personnes âgées, sa discrétion auprès des femmes et sa grande disponibilité.

Jusqu’ à 17h nous allons soigner 8 personnes (5 femmes, 3 hommes).

Les pathologies sont des douleurs d’épaules, de hanche, de genoux souvent anciennes dues aux conditions de travail ou suite à un traumatisme (chute, accident).

Un des homme a des douleurs de type sciatique avec insensibilité de toute la jambe droite ;

Une des femmes relie sa douleur des hanches à l’ablation de l’utérus datant de plusieurs années.

Nous voyons très vite que les demandes symptomatiques ont une cause plus profonde et qu’elles sont souvent associées à d’autres problématiques. Du fait du peu de temps que nous avons, nous expliquons notre démarche en nous consacrant à soulager les douleurs.

Sur 41 personnes reçues, 8 EVA (échelle visuelle analogique) ont été réalisées :

Nombre de personnes Nombre de points en moins en fin de séance
2 2 points
4 3 points
1 4 points
1  

Le deuxième jour :

De 8 heures à 17 heures nous verrons 10 personnes en consultation. De nouveau les motifs sont des douleurs qui se concentrent sur les articulations des épaules, des mains, des genoux et le bas du dos, avec le plus souvent des signes de froid, que nous réchauffons avec des moxas sur aiguilles. Beaucoup de personnes se plaignent de maux de tête, vertiges, mais aussi de cauchemars, l’impact psychologique ancien est évoqué et notre aide sera plus avec les techniques de tuina (massage thérapeutique) qui apportera chaque fois un apaisement, un bien-être nouveau pour les patients, une vielle dame nous disant : on dirait que c’est beau dans ma tête.

Le troisième jour :

Nous recevons 11 personnes, les douleurs sont plus intenses : malformation congénitale, hémiplégie depuis 10 ans, rupture d’anévrisme il y a 8 mois…..Le bouche à oreille a fonctionné, il semble positif sur les retours des patients, la peur des aiguilles n’est pas un frein à notre pratique, il y a une confiance énorme et nous pouvons travailler en tout sérénité, de plus le calme, la gentillesse et le respect de tous a facilité notre concentration et notre écoute. Les tuina ont apporté aussi une relaxation et un bien-être aussi bien pour les villageois que pour les thérapeutes, la facilité et la souplesse que tous ont ressenti après les séances ont été un bonheur à vivre, car si nous étions persuadées de notre savoir-faire , il fallait aussi convaincre et les traductions de remerciements faites par Vireak nous a confortées dans notre pratique.

Le quatrième jour :

Nous revoyons 4 personnes pour une deuxième séance, malheureusement la file d’attente ne nous permet pas d’en voir plus, nous pourrons ce dernier jour voir en plus 11 nouveaux patients. Les demandes sont encore autour de douleurs articulaires, mais aussi de problèmes d’hyper tension, de palpitations cardiaques. Les soucis psychiques sont souvent évoqués.

Certaines personnes après la séance et une sensation de mieux, souhaitent arrêter leur traitement ce que nous ne conseillons pas.

Nous sommes surprises de la bonne santé générale des personnes, même s’il y a certaines insuffisances de sang notamment, les corps sont sains, l’hygiène corporelle, vestimentaire rigoureuse. Pas de souci de nutrition noté.

L’acceptation des aiguilles a été totale, ainsi que celle de se dévêtir, en se couvrant d’un sarong, en demandant à Vireak de passer derrière la porte et de rester prêt à traduire soit les paroles des patientes soit nos questions.

Âge

Femmes/hommes : sur les 41 personnes soignées

femmes hommes
27 14

Nous avons terminé ces 3 jours et demi par un repas partagé, préparé par l’équipe du dispensaire, Mr Peov et un autre directeur de l’hôpital étaient invités. Après avoir pris l’avis des soignants et des villageois qui attendaient leur tour, Mr Peov a réitéré ses demandes de formation en acupuncture pour ses équipes hospitalières et d’une présence de l’association à Talos sur du long terme et si possible auprès des autres dispensaires.

Un rendez-vous en novembre est pris avec une équipe de 6 praticiens, le dispensaire de Talos, nous mettra à disposition les pièces nécessaires et la nouvelle responsable prendra la suite de Mam Satha avec le même enthousiasme.